Introduction

Il était une fois...

On pourrait commencer cette histoire par l'expression qui, dans la tradition populaire, introduit un conte: "Il était une fois... une langue  d'une petite tribu ..." ou alors ... reprendre les mots d'Henriette Walter:

Alors que les échos des langues Celtes, après avoir retenti sur l’ensemble de l’Europe, ne résonnent plus aujourd'hui que sur les rives de l’Atlantique, la langue des Romains a connu une fortune dont les effets se font encore sentir de nos jours. Pourtant, rien ne laissait prévoir un destin exceptionnel pour la langue de ce petit peuple d'agriculteurs établis dans des villages qui ne constituaient au milieu du VIIIe siècle av. J.-C. qu'un modeste lieu de passage au cœur du Latium, dans la marécageuse vallée du Tibre (Walter 1994 : 105)

car pour bien comprendre l'histoire de la famille des langues romanes, il faut remonter à l'enfance et à la jeunesse de la langue mère, le latin : langue indoeuropéenne de la famille italique, tout comme bon nombre de langues parlées dans la péninsule italique (qu'il a par ailleurs fait disparaître en les absorbant : osque, ombrien, falisque...).

Selon la légende de Romulus et Remus, Rome fut fondée en 753 av. J.-C. À cette date elle était encore enserrée entre deux grandes puissances : les Étrusques et les Grecs. L'Empire romain s'est ainsi constitué par des conquêtes qui se sont étalées durant plusieurs siècles.

Le latin s'est consolidé comme langue de culture en même temps qu'il est devenu la langue d'un Empire. Mais c'est surtout la langue orale qui nous intéresse ici, car en se transformant et en se métissant, elle va donner naissance aux langues romanes. Quand ? Comment ? Pourquoi ?  Les traces de ces variétés orales s'étant effacées, il ne nous reste que quelques vestiges d'une oralité représentée volontairement ou involontairement à l'écrit sur des supports variés qui, parfois, presque par miracle, nous ont été transmis et dont il sera question dans ce module.